08_Voyage à travers le pays

     Bonjour à tous,

 

     J’espère que vous vous portez tous bien. Pour commencer, je remercie tous ceux et celles qui m’ont envoyé des messages ces derniers temps. Je n’ai pas pu vous répondre personnellement car je suis parti faire un petit voyage du 4 janvier jusqu’au 13. Pour aujourd’hui, je vais parler de généralités mais je répondrais à chacun de vous, même si cela doit se faire après mon retour en France. Car il approche, ce retour, à cette heure-ci, mardi prochain je serais quelque part au dessus du Sahara en direction du « pays des blancs ».

 

      Pour cette raison, Asseta et moi avons décidé de faire un petit voyage à travers le Burkina. Nous avons pris la direction de Bobo Dioulasso et filé jusqu’au Mali en faisant des escales touristiques ça et là. A vrai dire les voyages touristiques et autres safaris ne m’ont jamais vraiment intéressés, à quoi bon visiter des animaux, des pierres, etc. si on ne connaît pas les gens qui vivent dans cet environnement ? Dans le cas de notre voyage, c’était justement l’occasion de prendre un peu de distance avec Ouagadougou et ses résidents, présenter et retrouver des amis de longues dates, faire découvrir des paysages que j’ai eu la chance de connaître depuis des années mais que peu de citadins connaissent (rappelons qu’en Europe, la notion de « tourisme » à moins de 200 ans, que le mot vient de « turning club », ces britanniques qui venaient faire un tour en France, souvent en vélo, bref que ce luxe est directement lié au dégagement de temps-libre, de congés payé, ce qui n’existe que chez les fonctionnaires burkinabés).

 

    Vendredi 4, nous avons donc pris le bus pour Sabou, une petite ville située à une centaine de Km à l’ouest de Ouagadougou. Sabou est connu pour ses Caïmans sacrés. L’histoire raconte qu’un chasseur blessé était couché dans les environs de Sabou. Un crocodile vint et, avec sa queue mouillée, il réveilla et sauva l’homme. Depuis une alliance fut conclue entre la famille Kaboré et les caïmans, alliance qui s’étend aujourd’hui à tous les habitants de Sabou. Ainsi les habitants peuvent se baigner avec les caïmans, les attraper par la queue, faire des parties de lutte, sans risquer quoi que ce soit. Chaque caïman de la mare est connu, si l’un d’eux décède, il à droit à des funérailles au même titre qu’un homme. Les femelles pondent leurs oeufs aux abords des habitations du village, dans les poulaillers, les poubelles, les buissons etc. Une fois les œufs éclos, les mères viennent chercher les petits pour les amener à la mare. Le grand père de l’actuel chef du village eut une idée : faire connaître son village et satisfaire la curiosité de ceux qui voulaient voir de leurs yeux les caïmans de sabou. Le village est maintenant équipé de petits complexes hôtelier  bons marchés et les jeunes du village organisent la visite : 1500 cfa (2.3€) par personne, poulet inclus. Le guide attire le caïman avec un poulet attaché à une ficelle, puis il l’attrape par la queue pour le tirer sur le rivage, il peut alors le caresser. Nous même, Asseta et moi, somme allés nous asseoir sur son dos, le tirer par la queue. L’animal est docile et ne bouge que lorsque la chaleur du sol le dérange trop. Puis, pour remercier le caïman, le guide lui donne tout ou partie du poulet (je n’ai pas de photo aujourd’hui mais elles viendront plus tard).  

     Le lendemain, samedi, nous sommes parti de Sabou en direction de Bobo. Nous devions initialement nous arrêter à Boromo pour visiter les éléphants, mais les prix nous paraissant prohibitifs, nous avons préféré atteindre directement la 2nd ville du pays. Il faut quand même dire un mot à propos de Boromo. Tous les cars faisant la liaison Ouaga-Bobo font escale dans cette ville, il y a une sorte de gare routière destinée à cet effet. A peine arrivés ce sont des dizaines de femmes et d’enfants qui viennent entourer les passagers sortant des bus ou qui se placent sous les fenêtre des véhicules : mouchoirs, sachets d’eau, boules d’arachide, pain, poulets, brochettes, boissons fraîches, galettes de sésame, sandwich, tout ce que peut souhaiter le voyageur l’attend, dans des bassines portées sur la tête des commerçants. Si le car redémarre avant que la transaction se soit achevée, le client attrape la marchandise qu’il souhaite, le commerçant coure après le bus et le client se dépêche de lancer l’agent par la fenêtre. Les arguments de vente ne manquent pas. Une petite fille veut me vendre son sésame, je ne veux pas lui acheter. Elle glisse le sachet dans mes mains déjà encombrées de telle sorte que je ne puisse plus m’en libérer, elle insiste « monsieur, c’est pas cher, 100 francs, 100francs !!, » « monsieur c’est bon pour le voyage, c’est plein de vitamines, y’a vitamines A, B, C, D, E, F, jusqu'à Z », « bon si tu n’achète pas je te donne cadeau », et fait mine de partir, et me voila à acheter les sésames que je ne voulais pas…

 

     Nous continuons notre voyage jusqu'à Bobo, ville très verdoyante et vallonnée, beaucoup moins de circulation, donc de pollution, qu’à Ouaga, habitants très gentils, rues, places, restaurants et buvettes incomparablement plus propres qu’à Ouaga, nourriture et autres marchandises très peu coûteuses… Bref, Bobo nous à beaucoup plus à tous deux. En cour de route nous avons été filmés pour passer dans un clip musicale, nous avons visité le vieux quartier de Bobo, la mosquée, le grand marché, et autres curiosités…

     De bobo, nous sommes partis une journée à Bama, après Satiri pour visiter la mare aux hippopotames. Cette dernière est située dans une petite réserve naturelle. On paye un guide qui nous emmène à une vingtaine de mettre des chevaux de rivière à l’aide d’une barque. En réalité, l’intérêt de la visite est vraiment limité car après quelque minutes, le spectacle devient lassant, pour bien faire il faudrait venir accompagné d’un véritable guide botaniste qui puisse nous donner toutes les explications sur la flore et la faune environnante qui réservent sans doute beaucoup plus de surprise que ces gros pachydermes.

 

    Nous sommes restés encore quelques jours à Bobo avant de gagner Koloko, un village frontalier avec le Mali où habite un ami de longue date. Après le temps des retrouvailles, nous sommes parti une journée à Sikasso, au Mali, visiter le quartier des « guerriers », ceux qui ont eu à lutter contre l’envahisseur blanc. A quelque pas du marché de Sikasso, s’élève une petite colline jonchée d’un petit fort. La colline a été construite à la demande de l’ancien roi de Sikasso qui voulait pouvoir surveiller tout son royaume, elle est percée de galeries souterraines où pouvaient se cacher plusieurs centaines d’hommes armés. Une forteresse occupait autrefois le sommet de la colline. Lorsque les français sont parvenus à s’emparer de la ville, ils détruisirent la construction et bâtirent leur propre fort encore visible aujourd’hui.

     Après la visite, nous sommes repartis en direction du Burkina, en route nous nous sommes arrêtés devant des plantations de thé, nous sommes aussi allés nous baigner dans les chutes Farako. L’eau était fraîche mais tolérable pour un bon bain de pied. Et puis la nuit tombant, nous sommes rentrés au village. Nous sommes restés une journée encore avant de faire notre sac pour repartir le dimanche13.  Après une journée de voyage, nous sommes arrivés à Ouagadougou où nous attendait l’aridité et la pollution de l’air, la désespérante monotonie des paysages, plats et orangés…

 

Il y aurait sans doute encore beaucoup de choses à conter à propos de ce voyage mais ce sera pour un autre jour, une autre histoire.

 

Bonne journée à tous.

 

Augustin, le 15 janvier 2008.



15/01/2008
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