-4- Présentations avec la famille maternelle
b/ Présentations avec la famille Maternelle.
Le rendez-vous était initialement prévu pour le mardi 1er mais en raison des intempéries, nous reportons le rendez-vous au jeudi 3. Entre temps nous recevons un message reportant une nouvelle fois les présentations au samedi 5 septembre…
Le samedi soir, après le jeun du ramadan, Mercellin et moi partons chercher le père d'Asseta pour nous rendre chez les grands parents maternels d'Asseta. A notre arrivée, le grand-père nous accueil et nous fait asseoir. Après les salutations renouvelées, la conversation commence mais il apparaît rapidement que quelque chose ne va pas. En effet, le grand-père nous rassure en précisant qu'il accueille avec joie la nouvelle de nos projets mais par manque de communications, ses frères, indispensables à la réunion, sont repartis car ils n'ont pas eu confirmation de notre venue au rendez-vous. Le grand-père fixe une nouvelle rencontre au jeudi 10 septembre et nous indique les éléments que nous devrons apporter pour accomplir les présentations (noix de cola avec une somme symbolique). Marcellin profite de l'entrevue pour s'informer et savoir si la présence de "notre vieux" est nécessaire à la prochaine rencontre. Une fois encore, on nous explique que pour ne pas trop compliquer les démarches (du fait que ma famille ne réside pas au Burkina) le père d'Asseta pourra remplir ce rôle (bien que ce ne soit pas d'usage). Nous repartons donc, bredouilles, avec un nouveau rendez-vous. Avant de partir, les deux femmes du grand-père me font une série de bénédicitons et manifestent leur joie de me voir de nouveau avec cette fois des projets précis pour leur petite fille.
Le jeudi 10 septembre, de nouveau nous nous rendons chez le grand-père. Nous arrivons vers 19h00 et patienterons jusque 20h30 que chacun ait le temps de rompre le jeun, de prier et de nous rejoindre, pendant l'attente, on nous offre des arachides crues et du thé (préparé de façon locale, c'est à dire longuement bouilli, très sucré, servi en très petite quantité). Cette fois nous y somme. Sur un banc le papa d'Asseta, Marcellin et moi. Face a nous, en arc de cercle, le grand-père maternel et quatre de ces frères. La réunion commence. Le papa d'Asseta prend la parole, puis les grands-parents discutent entre eux. Ensuite l'un d'eux s'adresse à moi:
_Vous êtes venu avec un projet que vous nous avez exposé. Vous souhaitez vous marier avec Asseta. Asseta est la première fille de notre fille Aminata. Chez nous Mossi, la femme qui se marie quitte sa famille pour aller chez son mari. Par compensation, la première fille d'une famille revient à la famille de sa maman, c'est pour cela que c'est nous, les grands-parents maternels, qui accordons la main de notre petite fille. Ce que vous demandez n'est pas courant. Un mariage entre une noir et un blanc, un mariage mixte, c'est quelque chose qui n'arrive pas souvent, aussi nous voulons avoir la garantie que ce sera un bon mariage, que cela se verra.
Je prends alors la parole pour rappeler la date de notre rencontre avec Asseta, préciser que son voyage en France avait pour but de lui permettre de rencontrer famille, amis et coutumes Française afin que nous puissions alors prendre notre décision, et que celle-ci est prise.
Traduction à destination des grands-parents puis nouvelle discussion suivie d'un message à mon adresse:
"_Nous accueillons avec joie la nouvelle de votre projet et nous vous encourageons, nous sommes prêts à vous accorder la main de notre petite fille mais nous devons d'abord nous consulter pour savoir si l'un de nous exige des conditions particulières".
Signe négatif de la part du grand-père qui affiche un sourire, quelques mots de la part d'un de ses frères, puis traduction:
"La main vous est accordée a condition que vous vous occupiez bien d'Asseta, c'est à dire que vous devez la protéger, prendre soin d'elle, veiller sur elle. Nous voulons que votre couple soit heureux et que cela se voie. Cela concerne vos obligations, mais Asseta aussi aura des obligations envers vous qui lui seront communiquées"
J'exprime alors ma joie, les remercie pour leur confiance et insiste sur le fait que nous ferons tout pour que nos descendants aient la possibilité de connaître leurs racines et de faire le choix de leur lieu de vie.
Le papa d'Asseta remet aux grands-parents un sac de cent noix de kola et l'enveloppe contenant l'argent, l'un d'eux regarde rapidement le contenu des présents et le communique à ces frères.
"Voilà c'est fini! La main est accordée! Comme le veut la coutume, on applaudit!" (Applaudissement de l'assemblée).
"Maintenant la réunion est achevée, la main d'Asseta vous est accordée, a vous deux de voir maintenant comment vous souhaitez concrétiser votre union avec, plus tard, un mariage civile, ou religieux peut-être".
Je profite de la situation pour demander à Marcellin de s'informer de la suite de la procédure si nous souhaitons effectuer les fiançailles traditionnelles mais avant que les grands-parents ne répondent, le papa d'Asseta prend le dessus: "Les grands-parents ont pour mission d'accorder la main mais pour le reste, s'il doit y avoir ou non des cérémonies de fiançailles, c'est la famille paternelle qui doit décider de cela".
En effet, le papa d'Asseta s'inquiète beaucoup de dépenses que peuvent occasionner les fiançailles et il préfèrerais que nous effectuions uniquement les coutumes minimums et indispensables, quitte a achever le protocole plus tard voire beaucoup plus tard. De notre côté et de l'avis de nos amis, mieux vaut tout faire tout de suite, une bonne fois, plutôt que de reporter certaines échéances et de prendre le risque de susciter des médisances de part ou d'autre.
Ainsi s'achève la réunion, suivie de nouvelles bénédictions des grand-mères qui sont restées à l'écart.
Nous raccompagnons monsieur Bonkoungou, puis partons arroser la nouvelle avec Asseta; malheureusement, très vite s'est la pluie qui vient arroser la soirée.